C’est son avis « De nouveaux périmètres de décisions sont à trouver »
Olivier Jacquin, agriculteur et président de Citoyens et Territoires, une association de soutien aux collectivités en zone rurale, milite pour des schémas cohérents de développement, adaptés aux nouveaux besoins des habitants.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les néoruraux ont bien changé
Le citoyen du XXIe siècle n’est plus connecté à sa proximité. Les néoruraux d’aujourd’hui ne sont plus les néoruraux d’il y a vingt ans. Acheter une maison à la campagne est une étape dans leur parcours de vie. Ils le font parce que c’est moins cher. Ils veulent des services, comme une animation périscolaire, sans payer beaucoup d’impôts ! Quand les enfants accèdent aux études supérieures, souvent ils repartent vers la ville. Ces « néo-néoruraux » ne s’investissent pas dans la vie locale, trouvant dans les réseaux sociaux le lien qu’ils ne recherchent pas dans leur lieu de résidence. Ils ont leurs propres réseaux, à distance.
Je vote là où je dors
La « démocratie du sommeil : je vote là où je dors » n’est plus en rapport avec ces modes de vie. Le néorural va bien souvent utiliser les services de la ville, être davantage concerné par les décisions qui y sont prises, en matière de transports notamment. Or, il ne pourra donner son avis dans les urnes. A contrario, les décisions prises dans son village auront peu d’impact sur sa vie quotidienne.
Une autre idée du territoire
Nous devons imaginer de nouveaux périmètres de décision, d’action, adaptés à ces demandes, sachant que le périmètre administratif idéal n’existe plus. Les intercommunalités sont un formidable outil, mais nos concitoyens n’en perçoivent pas toujours l’intérêt. Les « comcom » (communautés de communes) gèrent déjà les déchets, travaillent sur l’urbanisme, la revitalisation, pour des coûts que ne peut supporter une commune seule. Nous devons mettre en place des services qui n’existent pas encore, autour des transports, du covoiturage, des nouvelles technologies, favoriser les circuits courts, pour resserrer ce lien, distendu, entre citoyen et territoire. Il faut renforcer les liens entre territoires. La compétence en matière de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), qui va échoir aux communautés de communes en 2018, en est un exemple : les cours d’eau se jouent des frontières administratives.
L’échelle du bassin versant est plus cohérente, ce qui implique une collaboration entre deux, voire trois communautés de communes, des syndicats des eaux.
Agrandir le tour de table
Il faut agrandir le tour de table. Notre communauté de communes, le Chardon lorrain, donc en Meurthe-et-Moselle, va fusionner avec sa voisine de Moselle, Val de Moselle, deux EPCI aux préoccupations similaires. C’est une première au niveau national et un combat de haute lutte contre l’Administration ! Il reste beaucoup à inventer pour soutenir le développement des territoires ruraux. Une partie de la richesse qu’ils engendrent leur échappe. Certains ont suggéré une taxe sur les autoroutes qui traversent nos secteurs, pour lesquels nous avons les nuisances sans les bénéfices. De même, pourquoi pas une taxe indexée sur le débit informatique, puisqu’internet, « autoroute de l’information », sillonne aussi nos territoires.
Dominique Péronne(1) Agriculteur en Meurthe-et-Moselle, Olivier Jacquin est président de la communauté de communes du Chardon lorrain.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :